Mal foutu.

Quelle drôle d'idée d'avoir transposé Astérix au cinéma. Donner vie à des personnages de BD est une entreprise suicidaire. Le défi du producteur Claude Berri est audacieux mais son ambition artistique reste très modeste. Claude Zidi a visé bas : il met en scène une comédie franchouillarde où les gaulois, des brutes épaisses aimant la bonne chair et la bagarre contre les romains, sont la principale attraction. Son scénario original inspiré de la BD de Gosciny et Uderzo, se lit au premier degré, il ne ravira pas les spécialistes d'Astérix qui voient dans cette oeuvre, un subtil décryptage de la société française.

Dans cette adaptation, le pire a été évité : à l'écran, Depardieu (Obélix), Clavier (Astérix) et les autres ne sont pas ridicules, ils portent avec naturel les habits de ces gaulois mal dégrossis et incarnent bien les outrances de leurs personnages. Mais les dialogues de Gérard Lauzier sont faibles, les occasions de rire, rares : à l'image des discussions récurrentes autour du poids de Obélix, l'humour est assez ringard. L'interprétation exagérée des comédiens ne suffit pas à compenser les mauvais dialogues et un scénario plat même s'ils passent pratiquement tout le film à crier, à nous casser les oreilles. A défaut d'être drôle, "Astérix & Obélix contre César" est bruyant.

Les phénomènes surnaturels liés à la potion magique posent un problème épineux de représentation. Si les effets spéciaux actuels permettent de mettre en images la déformation des visages et leur changement de couleur, la force décuplée des gaulois qui envoient valser les romains et de montrer des clones, le film de Zidi tombe dans le cartoon. Astérix et les autres passent du statut de personnages en chair et en os à celui de créatures assistées par ordinateur, cette technologie enlève tout souffle de vie et d'humanité à ces personnages rabelaisiens en les réduisant à de la pâte à modeler. L'utilisation des effets spéciaux apparaît comme une erreur, une facilité que Claude Zidi utilise sans raison : la scène des épreuves où Astérix se retrouve virtuellement couvert d'araignées, est totalement insignifiante.

Restent nos ancêtres les gaulois : ces bons gros païens aux joies simples et aux mines épanouies, font plaisir à voir. Roberto Benigni dans le rôle du traître romain, méchant et fourbe, a quelques bonnes scènes. Les références aux préocupations d'aujourd'hui comme le déficit de la Sécurité sociale ou les zones franches, sont amusantes. Et la scène où Astérix et Obélix reconnaissent César grâce aux pièces d'or frappées à son effigie, est vraiment drôle. Hélas, cela ne suffit pas à faire un bon divertissement populaire. "Astérix & Obélix contre César" est un film très bon marché.

Florence Guernalec