Sentimentalisme.

Beaucoup de morts et beaucoup de larmes pour un seul homme. Chris (Robin Williams) n'a pas de chance : après avoir perdu ses deux enfants dans un accident de voiture, il est à son tour victime d'un crash et séparé de l'être qui lui est le plus cher, sa femme Annie (Annabella Sciorra). Accrochez -vous bien, ce n'est que le début : comme tous les mélos, Au-delà de nos rêves déborde de ressources et de rebondissements extravagants.

Au milieu de cet océan de chagrin, Chris n'a pas tout perdu, il atterrit au paradis, dans un endroit qu'il aime, un tableau peint par sa femme. Le message est clair : sur la terre comme au ciel, chacun se crée son propre paradis ou son propre enfer : le monde n'est pas tel que ses yeux le voient mais tel que son esprit le modèle. Les enfants de Chris et un médecin qui fut son maître ont donc l'apparence qu'il leur donne. Dans ce film, tout est possible, même la communication avec l'au-delà : la relation entre Chris et sa femme, était tellement forte qu'ils parviennent à franchir la frontière entre le monde des vivants et celui des morts : lorsqu'Annie peint un arbre, Chris le voit dans son paradis.

Un malheur n'arrivant jamais seul, Annie met fin à ses jours. Chez les chrétiens, les suicidés vont en enfer et dans ce film aussi. Chris n'a qu'une idée en tête : rejoindre sa femme tant aimée. Fidèle aux héros positifs, Chris ne renonce jamais, il part en enfer pour la retrouver. Au-delà de nos rêves comporte même un miracle : toute la petite famille, y compris le chien, se retrouve dans leur merveilleux paradis.

Le bonheur ne serait pas complet si l'histoire ne se terminait pas comme elle a commencé : Chris et Annie décident de se réincarner et de revivre leur amour comme d'autres partent en voyage. Au-delà de nos rêves réservait donc une surprise de taille : la mort n'existe pas vraiment. Vincent Ward nous a fait une bonne blague : toutes les images dégoulinantes de sensiblerie, les moments d'émotion forcée entre Chris et ses enfants et le visage en larmes d'Annie, cachaient un grand message d'espoir.

Avec une esthétique empruntée aux "grands" peintres, Au-delà de nos rêves ne réussit qu'à reproduire une imagerie assez tarte où se côtoient une scène du XIXe siècle avec des dames bien mises, des hommes perchés sur des cycles et des elfes ; un paysage composé d'un champ de fleurs de toutes les couleurs d'une cascade d'eau et d'une petite maison de rêve...

Enfer ou Paradis ? Au-delà de nos rêves relève du purgatoire.

Florence Guernalec