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"Belle maman"
de Gabriel Aghion



synopsis

fiche technique

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Un plaisir d'acteurs.


"Fuck les tabous, fuck la famille, fuck tout." Gabriel Aghion secoue le cocotier. Dans sa nouvelle comédie, Antoine (Vincent Lindon) tombe amoureux d'une femme qui a l'âge d'être sa maman mais se trouve être sa belle-mère. Tout s'annonçait pourtant bien : Antoine était amoureux de Séverine (Mathilde Seigner) et Séverine d'Antoine, ils formaient un jeune couple d'avocats ambitieux et pleins d'avenir, ils avaient même décidé de se marier. Et voilà la piquante Léa (Catherine Deneuve) qui vient troubler la cérémonie : la belle-mère, la cinquantaine florissante, fait une entrée remarquée dans l'église au bras de Grégoire, un beau noir qu'elle présente comme "l'homme qui règne sur sa vie", elle a une petite ancre marine tatouée sur le pied, fume des joints et enflamme la soirée en improvisant une party dans les toilettes pour hommes.

Les auteurs, Gabriel Aghion et Danièle Thompson, n'ont pas cherché à faire rire à tout prix, le film n'a rien d'une belle mécanique où les séquences s'enchaîneraient à un rythme effréné. Certes, les situations et les dialogues sont amusants mais "Belle maman" vaut surtout pour les personnages, ce sont eux qui mettent l'ambiance, qui donnent le ton et portent le film : dans une séquence délirante, Antoine, sa maman, sa belle-mère et quelques autres, dansent sur une chanson des Rita Mitsouko en faisant des petits sauts de puces, ils ont les mains sur le devant comme de jeunes chiots attendant un sucre. Cette joie de vivre affichée en préambule, rend les personnages immédiatement sympathiques d'autant qu'ils sont plutôt animés de bonnes intentions. S'ils sont les rois des petits mensonges, c'est pour mieux accommoder la réalité à leurs désirs. Il n'y a pas de dindon de la farce dans ce film, Gabriel Aghion n'a pas cherché à faire rire aux dépens de ses personnages : il exploite bien leurs faiblesses et leurs fragilités mais il le fait avec bienveillance. Sans méchanceté.

"Belle maman" doit beaucoup aux comédiens, leur notoriété et leur stature leur permettent de s'imposer très vite dans des rôles attendus ou pas. Jean Yanne interprète à nouveau, un cynique qui pense que le mariage, "c'est l'ennui ou c'est la guerre". D'autres investissent des rôles moins évidents comme Danièle Lebrun en arsouille joyeuse abonnée aux alcooliques anonymes, Line Renaud en lesbienne camionneuse fumeuse de cigares, Stéphane Audran, en désaxée qui passe son temps à compter ses sous... Mathilde Seigner en intoxiquée du portable pas fichu d'éplucher un légume, fait bonne figure face au duo vedette Catherine Deneuve-Vincent Lindon : la candeur romantique du jeune marié aura raison de la froideur intimidante de belle maman.

Gabriel Aghion termine son film sur une note éclatante. Au cours d'un banquet, tout le monde se retrouve. La situation sociale des nouveaux couples est disséquée par leurs enfants qui observent la scène de loin, chacun y va de son commentaire, les petits répétent ce qu'ils ont entendu de la bouche de leurs parents et y mélangent leurs propres avis. Résultat, ils balancent des vérités toutes crues avec une innocence désarmante. Après "Pédale douce", Gabriel Aghion signe une nouvelle comédie sans prétentions et amusante.

 

Florence Guernalec

 

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