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"Blade" |
Indigeste. Infernal. Les scènes d'action s'apparentent à un instrument de torture pour oreilles sensibles. Le bruitage des coups de feu, des bagarres à mains nues ou à l'épée, relève de l'épreuve de force, l'enregistrement de la bande-son au "niveau pub", a de quoi rendre sourd, sinon dingue la personne la plus équilibrée. Après avoir subi l'expérience "Blade", le spectateur n'aspire qu'à une chose : écouter le silence. Pénible. Les yeux subissent également un mauvais traitement : la multiplication à l'envie des plans dans les scènes d'action, aboutit à une bouillie indigeste. Plus il y a d'images qui se télescopent, moins le spectateur voit ce qu'il y a sur l'écran. Ces séquences fabriquées sur la table de montage, ne cachent pas une absence de réflexion sur la mise en scène des séquences de bagarre. Cette histoire de vampires met en scène Blade, premier héros afro-américain de bande-dessinée, incarné ici à l'écran par Wesley Snipes. Si Stephen Norrington joue, l'espace d'une scène, sur la peur, l'angoisse en laissant entendre que les vampires sont partout, le réalisateur préfère largement miser sur l'affrontement bête et méchant entre Blade, le gentil vampire et Deacon Frost (Stephen Dorff) le méchant suceur de sang qui veut anéantir les humains. Blade, tout de noir vêtu et lunettes de soleil, n'est pas d'humeur à plaisanter, il tue tous les vampires à portée de vue comme d'autres vont au bureau. Devant la caméra de Norrington, le super héros ressemble à un vulgaire dératiseur. Là encore, le réalisateur anglais manque d'ambition : il n'exploite pas la particularité de ce vampire qui doit lutter contre sa vraie nature alors que son ennemi juré, donne libre cours à ses instincts comme n'importe quel animal. En réalité, ces vampires ressemblent comme un frère, aux êtres humains, ils sont soumis aux mêmes pulsions. Il n'appartient qu'à eux de faire le Bien ou le Mal. "Blade" est le dernier avatar de films conçus par des producteurs d'images plus soucieux de faire étalage de leur technique que de faire passer une idée du monde et du cinéma. On sort de "Blade" lessivé.
Florence Guernalec
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