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"Cantique de la racaille"
de Vincent Ravalec



synopsis

fiche technique

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Le roi est nu.


Gaston (Yvan Attal) veut faire partie des gagnants. Le self made man a des rêves de grandeur et il est prêt à tout pour réussir. Dans "Cantique de la racaille", Vincent Ravalec raconte l'ascension et la chute de ce petit escroc, d'un mec ordinaire et pas méchant qui brûle les étapes et ne prend pas les bons exemples.

Gaston rêve, comme tout le monde, de réussir sa vie : il est en quête de reconnaissance. Il pense que le seul moyen d'exister dans la société, c'est de gagner beaucoup d'argent. Il sera chef d'entreprise ou rien. Gaston est en fait le roi des combines minables, jamais il n'envisage de chercher un travail honnête. Gaston veut aussi devenir quelqu'un de respectable : il veut se marier avec la fille qu'il vient de rencontrer et il a le souci d'entretenir de bons rapports avec son voisinage. Bref, Gaston veut que tout le monde l'aime.

La bonne idée du film, c'est de montrer ce que Gaston a dans la tête, comment il raisonne : le spectateur ne le voit pas seulement agir mais il sait à chaque instant ce que le héros pense et ressent grâce à une voix-off où Gaston analyse les situations et les gens auxquels il est confronté, il se répète sans arrêt des préceptes de management lus dans des revues pour hommes d'affaire, s'encourage et s'autocongratule en permanence. L'ironie, c'est que Gaston se donne l'illusion de maîtriser la situation, de planifier sa réussite sociale, alors qu'il est toujours sur le fil du rasoir. Il marche à l'instinct, ne s'entourant que de gens "hors normes" : la personne qu'il recrute est un cas, ses colocataires ont des moeurs spéciales et la fille avec qui il vit, est mineure. En fait, Gaston est un peu dépassé par son ascension. Derrière la façade du businessman dynamique, le petit escroc ne cesse de douter, il passe son temps à envisager le pire.

Dans un deuxième temps, "Cantique de la racaille" se concentre sur la descente aux enfers du héros. Gaston est finalement rattrapé par son passé de petit escroc. Le film devient alors un peu surréaliste : Gaston est de plus en plus paranoïaque, il fait des rencontres bizarres, se méfie de tout le monde. Il tombe dans le stupre : naturisme, couples échangistes et boîtes sado-maso entrent dans le décor. Gaston n'est plus que l'ombre de lui-même, il subit désormais la loi des autres. Et Vincent Ravalec ne filme plus que des images chocs sans intérêt alors que l'auteur avait réussi à faire le portrait d'un homme ordinaire, la tête pleine de rêves de réussite.

 

Florence Guernalec

 

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