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"Celebrity"
de Woody Allen




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Ne pas se fier au titre, ne pas imaginer un film surprenant, Woody Allen ne s'intéresse pas aux gens célèbres mais encore et toujours à sa personne. Le milieu du showbusiness lui sert de prétexte à mettre en scène son personnage de loser dans un nouveau décor mais Woody chez les stars ressemble beaucoup à Woody chez les intellos. Si à l'écran, l'auteur-réalisateur new-yorkais a les traits de Kenneth Branagh, Lee Simon ressemble à ses précédants personnages : il est veule et à l'affut de la moindre aventure sexuelle, il est empêtré dans ses contradictions et ses lâchetés, il est dépassé par les événements et bafouille à la moindre contrariété. Dans "Celebrity", la star, c'est lui. Woody Allen fait montre d'un désintérêt total pour les autres personnages, les comédiens célèbres qui partagent l'affiche, sont le plus souvent réduits à de vulgaires silhouettes. Woody Allen est plus nombriliste que jamais.

C'est une réunion d'anciens élèves qui déclenche une crise aigüe chez son héros. Lee regarde ses anciens camarades de classe, il les trouve pitoyables avec leur calvitie naissante, leur bedaine, leur boulot "à la con" et leurs femmes volumineuses. Lee a peur de leur ressembler, il a peur d'arriver à la fin de son existence et de s'apercevoir qu'il a "dosé sa vie à la petite cuillère". Cette phrase inouïe fait l'effet un coup de couteau planté en plein coeur. Pour l'unique fois dans le film, nous ressentons son angoisse, nous partageons son effroi. Lee vient de prendre conscience que sa vie défile sans que rien ne lui arrive. Il décide alors de bouleverser son existence, il quitte sa femme Robin (Judy Davis), passe à la rubrique people et se met en tête d'écrire un scénario. Il entre dans le monde fermé des stars.

Woody Allen escamote toute réflexion sur la célébrité. On ne saura pas pourquoi n'importe qui devient célèbre aujourd'hui, ni pourquoi les gens sont si attirés et fascinés par la lumière. Le cinéaste ne met pas en scène ceux qui font les vedettes : les médias et le public. Le réalisateur new-yorkais se contente de montrer tous les clichés associés au milieu du showbizz : sexe, drogue et caprices de stars. Woody Allen n'assume pas la futilité de son "sujet" comme pouvait le faire Robert Altman avec le milieu de la mode : "Prêt à porter" était un film volontairement crétin qui ridiculisait tout et tout le monde. Celebrity a certes quelques moments drôles, les scènes de Robin faisant un scandale en pleine projection de film ou apprenant à donner du plaisir à un homme avec une prostituée, sont particulièrement réjouissantes mais le tout manque de folie.

Tourné en noir et blanc avec pour fond sonore, une musique de jazz vieillote, "Celebrity" est l'oeuvre de quelqu'un qui se sent vieillir et qui voudrait pouvoir remonter le temps, être ce Lee Simon qui parcourt les rues de New-York à la recherche d'aventures excitantes.

 

Florence Guernalec

 

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