thé, crackers et cinéma
c r i t i q u e s
 



"Comme une bête"
de Patrick Schulmann



synopsis

fiche technique

site officiel

Bienvenue chez les "beaufs".


Une bande de voyous qui jouent au frisbee avec une lame de scie sauteuse, un dératiseur raciste (Jean-Yves Lafesse) bien décidé à éliminer la vermine et à la faire prospérer, un SDF (Richard Bohringer) qui squatte les plus belles maisons et se vide la tête dans une boîte magique, un directeur artistique (Laurent Carreras) style drageur des plages ayant une décapotable avec l'avant virtuel. Pour son premier séjour en France, Léo (Sagamore Stévenin) fait des rencontres abracadabrantes. Le jeune homme, arrivé tout droit de la jungle de Bornéo, s'adapte plus ou moins bien à son pays d'origine : les premiers temps, il se rapproche d'une gueunon pour lui soulager les cervicales, tombe amoureux d'une femme obèse qui perd 70 kg en un tour de main, réalise des acrobaties invraisemblables sur un deux roues et fait un blocage sur la musique techno.

Patrick Schulmann donne l'impression de filmer tout ce qui lui passe par la tête, en gros tout et n'importe quoi. "Comme une bête" ressemble, à première vue, à un joyeux foutoir, un bazaar iconnoclaste et amusant qui ne veut rien dire. Il existe pourtant un point commun entre les différents personnages : ce sont d'indécrottables beaufs.

De la jungle de Bornéo à celle de Marseille, les moins civilisés ne sont pas ceux qu'on croit. Patrick Schulmann inverse les stéréotypes : le bon "sauvage" Léo qui a toujours vécu au milieu des singes, est féru de poésie et de musique classique, ses compatriotes de la métropole ont l'air d'imbéciles heureux qui ne s'intéressent à rien. Face au jeune homme naïf et spontané, les autres protagonistes apparaissent dans toute leur dimension : mesquins, cyniques, menteurs, voleurs, agressifs.

Dans ce tour de France de la médiocrité, la gent féminine n'est pas épargnée : qu'il s'agisse de la femme de marin qui se refait une beauté pour attirer l'oeil de Léo, celle du restaurant qui l'invite du regard à la rejoindre dans les toilettes, de la mante religieuse de la maison de disque (Agnès Soral) qui se jette sur lui ou de l'ancienne moche (Marie Guillard) devenue une beauté qui le délaisse, le tableau de leur parade amoureuse est assez cruel. 

Très vite, Léo en a marre d'être gentil et de subir la haine des autres. Il décide de se venger et d'éliminer tous ceux qui lui ont fait du tort. ‘il pour ¦il, dent pour dent, Patrick Schulmann ne donne pas dans le politiquement correct. Le réalisateur garde dans ce film, son esprit bête et méchant, saignant. Mais derrière la gaudriole, il porte un regard sévère sur l'espèce humaine : de toute évidence, le cinéaste ne croit pas que les gens soient naturellement bienveillants.

On reprochera surtout à "Comme une bête", sa durée - plus deux heures, alors que les séquences concernant la maison de disque, sont les moins intéressantes car elles donnent lieu aux scènes les plus banales. Patrick Schulmann demeure néanmoins un cinéaste singulier et étonnant.

 

Florence Guernalec

 

thé,
crackers
et cinéma

 

home - critiques - notes - archives - l'auteur - contact
Droits de reproduction et de diffusion réservés © thé, crackers et cinéma