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"Comme une bête" |
Bienvenue chez les "beaufs". Patrick Schulmann donne l'impression de filmer tout ce qui lui passe par la tête, en gros tout et n'importe quoi. "Comme une bête" ressemble, à première vue, à un joyeux foutoir, un bazaar iconnoclaste et amusant qui ne veut rien dire. Il existe pourtant un point commun entre les différents personnages : ce sont d'indécrottables beaufs. De la jungle de Bornéo à celle de Marseille, les moins civilisés ne sont pas ceux qu'on croit. Patrick Schulmann inverse les stéréotypes : le bon "sauvage" Léo qui a toujours vécu au milieu des singes, est féru de poésie et de musique classique, ses compatriotes de la métropole ont l'air d'imbéciles heureux qui ne s'intéressent à rien. Face au jeune homme naïf et spontané, les autres protagonistes apparaissent dans toute leur dimension : mesquins, cyniques, menteurs, voleurs, agressifs. Dans ce tour de France de la médiocrité, la gent féminine n'est pas épargnée : qu'il s'agisse de la femme de marin qui se refait une beauté pour attirer l'oeil de Léo, celle du restaurant qui l'invite du regard à la rejoindre dans les toilettes, de la mante religieuse de la maison de disque (Agnès Soral) qui se jette sur lui ou de l'ancienne moche (Marie Guillard) devenue une beauté qui le délaisse, le tableau de leur parade amoureuse est assez cruel. Très vite, Léo en a marre d'être gentil et de subir la haine des autres. Il décide de se venger et d'éliminer tous ceux qui lui ont fait du tort. ‘il pour ¦il, dent pour dent, Patrick Schulmann ne donne pas dans le politiquement correct. Le réalisateur garde dans ce film, son esprit bête et méchant, saignant. Mais derrière la gaudriole, il porte un regard sévère sur l'espèce humaine : de toute évidence, le cinéaste ne croit pas que les gens soient naturellement bienveillants. On reprochera surtout à "Comme une bête", sa durée - plus deux heures, alors que les séquences concernant la maison de disque, sont les moins intéressantes car elles donnent lieu aux scènes les plus banales. Patrick Schulmann demeure néanmoins un cinéaste singulier et étonnant.
Florence Guernalec
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