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"Docteur Patch"
de Tom Shadyac




synopsis

fiche technique

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Edifiant.


Les américains ont le chic pour trouver de bonnes histoires et pour les réduire à un mélodrame familial. Dans ce registre, Robin Williams, spécialiste en sensiblerie, est incontestablement l'homme de la situation. Le film de Tom Shadyac s'inspire de la vie de Hunter "Patch" Adams. Ce docteur américain milite, depuis trente ans, pour une médecine plus humaine, soucieuse du bien-être physique des malades mais aussi de leur procurer un soutien psychologique. Selon lui, il faut "traiter le patient autant que la maladie". Patch Adams est le premier à avoir constaté les vertus thérapeutiques du rire, des vertus aujourd'hui reconnues scientifiquement.

Le film se déroule au début des années 70 au moment où Patch Adams démarre la fac de Médecine. A cette époque, l'étudiant fait le pitre pour distraire les malades d'un hôpital et rencontre l'hostilité de ses professeurs. Tom Shadyac raconte l'histoire classique d'un homme différent qui dérange par ses méthodes peu orthodoxes. Pas de cinéma américain sans happy end : l'iconnoclaste docteur aura raison des médecins aigris et jaloux. Patch Adams, c'est le triomphe pompier de l'humanité sur des esprits froids et indifférents à la souffrance. A l'écran, les singeries de Robin Williams réduisent un progrès de la médecine à un festival de grimaces qu'on lui a déjà vu faire des dizaines de fois, la scène où l'acteur américain divertit des enfants atteints du cancer en se transformant en clown ou en extraterrestre, fait partie du show Williams : les malades sont les faire-valoir du comédien.

Le film plie sous le poids des scènes chargées à bloc en émotions garanties : lorsque Patch Adams va plaider sa cause devant le Conseil de l'ordre des médecins, à la fin de son discours, les malades qu'il a soignés, font irruption dans la salle et arborent un nez rouge en guise de reconnaissance. Ce n'est plus Docteur Patch mais Saint-Adams. Les applaudissement à l'annonce de la victoire de ce pionnier invitent cordialement le spectateur à partager la joie des partisans de Adams de la même façon qu'un animateur de talk show dit au public à quel moment il doit battre des mains. L'émotion du spectateur est télécommandée et non spontanée. 

Une autre scène pénible concerne l'enterrement de sa petite amie : seul dans le cimetière, Patch Adams récite le poème qu'il n'a jamais eu le temps de lui lire en entier et s'effondre en pleurs sur son cercueil. Après les rires, le réalisateur tire sur la corde sensible et tombe dans le grandiloquent. Tom Shadyac veut nous faire croire que son film ressemble à la vie parce qu'il met en scène des sentiments contrastés, parce qu'il montre aussi les peines de Adams alors que le cinéaste ne fait que brader, sans aucune pudeur, les émotions.

Tom Shadyac est incapable de la moindre nuance, tout doit être spectaculaire dans son film, tout doit être affreusement drôle ou affreusement triste, et le gens terriblement méchants ou terriblement gentils... Enfin, le réalisateur a le tort de s'appuyer sur l'exubérance d'un acteur vedette dont on connaît le numéro par coeur.

 

Florence Guernalec

 

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