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"Fin août
début septembre"

de Olivier Assayas




synopsis

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Génération X.


Ils courent après l'amour, après l'argent, comme tout le monde, mais parlent et s'agitent comme personne. Les personnages du dernier film de Olivier Assayas sont figés dans des poses de dandys parisiens : toujours fauchés mais menant la grande vie, ils ont un travail pas bien défini mais pas très prenant et se posent des tas de questions sur la vie, l'amour, la mort. On sait aujourd'hui que le personnage du cinéma d'auteur est condamné à être seul et malheureux.

Au centre du film, Gabriel (Mathieu Amalric) coincé entre deux femmes, entre deux vies : son ex Jenny (Jeanne Balibar) est encore attachée à lui alors que Gabriel vit un amour torturé avec Anne (Virginie Ledoyen). Il se rapproche de son meilleur ami Adrien (François Cluzet) et cherche sa voie comme auteur.

Loin de la liberté de "Irma Vep" et de "Paris s'éveille", Olivier Assayas signe un film guindé, le cinéaste se prend trop au sérieux. Ça se veut sans fard, sans lyrisme, "Fin août, début septembre" propose juste un regard sur quatre célibataires qui ne savent pas bien où ils en sont. C'est ennuyeux. Ses personnages se cognent les uns aux autres, ne parviennent pas à communiquer leurs émotions, leurs angoisses et leurs peurs tel Adrien cachant sa maladie... Fin août, début septembre est frappé d'autisme. La relation entre Gabriel et Anne manque totalement de vérité : elle progresse par coups d'éclats - on fait l'amour, on se déchire et on se réconcilie - mais n'exprime jamais de sentiments forts.

La mort d'Adrien, le romancier, est censée bouleverser leur existence, elle sert de prétexte à ressasser des souvenirs banals mais semble délivrer Gabriel d'un complexe puisqu'il décide à son tour de prendre la plume... Les ressorts dramatiques de ce film sont un peu gros... "Fin août, début septembre" est un film lourd à l'image de la scène de sexe à trois entre Anne, son patron et un ami, une séquence dont le voyeurisme mêlé à de la pudeur de curé, exaspère. L'humour aurait pu sauver la mise en donnant du relief à des histoires et des attitudes qui n'ont pas beaucoup de fulgurance, en donnant de l'importance à des situations communes. Hélas, Olivier Assayas reste sérieux comme un Pape.

La mise en scène est aussi peu inspirée, "Fin Août, début septembre" a tous les tics du "jeune cinéma français", c'est filmé "jeune" donc vieux : caméra à l'épaule et lumière blafarde. A la longue, c'est agaçant. Rien ne justifie que l'oeil soit pris comme un parre-brise de voiture où viennent s'écraser au hasard des bouts de tout et de rien, composant une peinture abstraite et floue. En multipliant les figures de style et les attitudes précieuses, Olivier Assayas nous empêche de voir l'essentiel : lui. Nous.

 

Florence Guernalec

 

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