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"Hasards ou coïncidences" |
Le meilleur et le moins bon. "Hasards ou coïncidences" commence comme une comédie amoureuse, plaisante et dynamique comme si Claude Lelouch ne savait filmer que le bonheur. Même si chez le cinéaste, les histoires sentimentales passent toujours par des moments de pure naïveté, de préciosité comme ces scènes de danse filmées à Venise par une équipe de tournage, le réalisateur signe un début de film très habile. Claude Lelouch enchaîne les plans, les idées, les émotions et les lieux de manière judicieuse et brillante, utilisant notamment des scènes muettes : Claude Lelouch imbrique ainsi deux époques, deux tranches de vies de Myriam, celle vécue avec son mari et celle avec son nouvel amant Pierre. La deuxième partie du film, exact opposé de la première, est placée sous le signe du drame : Myriam a perdu son fils et son amant. Changement de ton et changement de forme : Hasards ou coïncidences n'a plus la fluidité du début, le temps semble s'être arrêté. La jeune femme entreprend un périple sur les traces des deux disparus. Cet acte d'amour et de deuil tourne un peu en rond. Claude Lelouch ne semble avoir rien d'autre à nous offrir que le visage dévasté d'Alessandra Martines : Myriam déprimée avec les ours blancs de la baie d'Hudson, Myriam déprimée avec un joueur de Hockey de Montréal, Myriam déprimée dans le bar Soutine à New-York, Myriam déprimée avec les plongueurs d'Acapulco... La jeune femme va être sauvée par sa caméra vidéo. Myriam filme au caméscope les lieux chers à son fils et son amant, elle enregistre des souvenirs, non pour les garder mais les faire partager. La caméra trouvera sa réelle utilité lorsqu'elle lui sera volée et qu'elle tombera dans les mains de Marc : celui-ci découvre sur les cassettes des tranches de vie de Myriam, il est à la fois bouleversé et fasciné par la jeune femme, par son destin tragique, il décide de partir à sa recherche. Claude Lelouch croit au pouvoir des images pour ce qu'elles communiquent et transmettent aux autres. Alessandra Martines dans un rôle lumineux et sombre, Pierre Arditi, dans celui du charmeur et Marc Hollogne de "l'extra-terrestre", participent au plaisir de ce film qui laisse mi-figue, mi-raisin.
Florence Guernalec
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