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"Hors jeu"
de Karim Dridi



synopsis

fiche technique

site officiel

Maladroit.


D'un casting de pub aux répétitions d'un rôle, des menaces arme au poing contre une directrice de casting et un réalisateur à une prise d'otage, une violence brute, sourde et gratuite se dégage de Hors jeu. Qu'il s'agisse des déboires de comédien râté d'Ange Bastiani (Philippe Ambrosini) ou de ses coups de folie, Karim Dridi ne trouve jamais le ton juste pour donner du poids à cette agressivité à l'image de son héros qui se repète sans cesse les mêmes répliques sans obtenir la bonne intonation.

Karim Dridi semble pourtant avoir un sujet de révolte : au début de "Hors jeu", le cinéaste filme la violence qui régit les rapports entre les individus : lors d'une séance de casting, un réalisateur insulte Concepcion (Rossy de Palma) parce qu'elle refuse de se dénuder et la directrice d'un casting se moque d'Ange parce qu'il n'est pas crédible dans le rôle d'un "chien fou". Hélas, le réalisateur abandonne très vite ses bonnes remarques sur le manque de respect et le mépris d'autrui pour ne s'intéresser qu'à son comédien au sang chaud. A force de se la jouer Actor's Studio, Ange Bastiani ne fait plus la différence entre sa personnalité et le personnage, entre réalité et fiction, à force de vouloir prouver qu'il peut incarner le "Klebs", il devient ce voyou nerveux. Bastiani dérape et prend en otage des vedettes de cinéma.

Mettre en scène des acteurs connus dans leur propre peau (Arielle Dombasle, Miou-miou, Michel Galabru, Clotilde Courau et Patrick Bruel), est une fausse bonne idée car l'auteur est quand même obligé d'écrire des répliques qui créent une distanciation entre ce qu'ils sont dans leur vie privée et ce qu'ils incarnent dans le film. Or dans Hors jeu, les vedettes semblent livrées à elles-mêmes : tantôt elles semblent jouer une partition, tantôt elles ont uniquement l'air d'essayer de faire face à la violence de Ange et Concepcion. Plongé en plein malaise, le spectateur se retrouve mêlé à cette mascarade sans en comprendre l'intérêt : Ange ne demande pas de rançon - morale ou matérielle, il veut juste s'amuser.

"Hors jeu" peut se regarder comme une métaphore de la société avec ses nantis et ses exclus qui s'invitent par effraction chez les bourgeois mais la correspondance s'arrête là. "Hors jeu" est un film grinçant mais qui ne révèle pas de vérités, ne met pas le doigt sur des problèmes. Comme ses deux preneurs d'otage, Karim Dridi ne revendique rien.

 

Florence Guernalec

 

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