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"Je règle mon pas sur
le pas de mon mère"

de Rémi Waterhouse




synopsis

fiche technique

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Grinçant.


Ce n'est pas "Perdu de vue". Et pourtant, Sauveur (Guillaume Canet) a 23 ans lorsqu'il rencontre pour la première fois son papa (Jean Yanne). Mais au lieu de faire pleurer dans les chaumières, Rémi Waterhouse en tire une comédie grinçante : le géniteur en question est un malotru, un solitaire, un cynique, un égoïste, un mysogine, un bonimenteur et un arnaqueur à la petite semaine. Sauveur veut tellement être reconnu par son père qu'il fait tout ce qui est en son pouvoir pour lui plaire. Pas besoin d'être devin pour savoir que le jeune orphelin parviendra à amadouer Bertrand en se rendant indispensable. Le tandem va faire équipe pour détrousser des gens crédules. Leurs combines sont minables mais elles fonctionnent : Bertrand fait miroiter à ses victimes, un héritage futur pour leur soutirer de l'argent. Sauveur est d'abord amusé et ravi de parcourir les routes de France avec son père puis il est vite dégouté par le misanthrope. Il navigue sans cesse entre l'amour et le rejet.

Les deux acteurs réussissent à rendre cette comédie plaisante, Jean Yanne est impeccable dans un énième personnage d'affreux face à un Guillaume Canet plein de ressort. Le naïf et intrépide Sauveur suit à la trâce ce père indigne et se heurte continuellement à son attitude froide et distante. L'aîné ne peut supporter que ce petit morveu lui tienne tête et veuille "aller plus vite que la musique". Le premier film de Rémi Waterhouse repose entièrement sur le tandem au détriment des autres acteurs : Laurence Côte en cible du duo, est totalement transparente, Rémi Waterhouse a oublié de lui écrire un personnage, de lui donner des traits de caractère. Et si la participation de Yves Régnier dans le rôle du séducteur professionnel laisse entrevoir un grand moment, son numéro se trouve écourté.

Malheureusement, les situations sont faibles, Rémi Waterhouse joue beaucoup sur le comique de répétition, il abuse de ce procédé. L'auteur-réalisateur met en scène la même arnaque plusieurs fois : le cinéaste filme ses deux voleurs en train de réciter le même discours tout préparé. Il n'y a pratiquement pas de variante dans leur numéro, le scénario ressemble à un disque rayé où le spectateur est condamné à regarder les mêmes séquences. Mais de cette répétition, naît une vraie méchanceté : Bertrand et Sauveur ne volent que des pauvres comme eux. Si leurs combines ressemblent au début à une bonne blague, elles apparaissent assez rapidement comme une machination tout à fait odieuse. Je règle mon pas sur le pas de mon père n'est pas une comédie gentille.

 

Florence Guernalec

 

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