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"Jugé coupable" |
Paresseux. Clint Eastwood a fait de son personnage d'ex-alcolo, coureur de jupons et journaliste d'investigation sur le retour, quelqu'un de sympathique et charmant, de sorte que l'on se demande ce que les autres lui reprochent : l'homme mûr tente toujours de bien faire même quand il agit mal, il donne l'impression d'avoir toujours raison alors que les autres protagonistes paraissent avoir la mauvaise réaction et se retrouvent en situation de faiblesse devant lui. Eastwood a fait le vide autour de lui et ne donne pas sa chance aux autres personnages : à l'exception du directeur du journal (James Woods), une grande gueule cynique, le condamné, son rédacteur en chef (Denis Leary) ou encore sa femme, n'ont pas sa légereté insolente et ne peuvent rivaliser avec la prestance du héros. Jugé coupable n'est donc pas une course contre la montre pour sauver un homme, ce n'est pas un film contre la peine de mort ou qui dénoncerait le racisme de la société américaine. C'est un film égocentrique, entièrement voué à la gloire de Clint Eastwood. Mais au lieu s'en tenir à ce parti-pris, de mettre Beechum hors-champ et de refuser un faux suspense, le réalisateur filme quand même le drame qui se joue mais il fait preuve d'un manque d'imagination et de conviction coupables : les scènes entre le condamné, sa femme et sa petite fille, n'évitent pas les lourdeurs et les banalités d'usage, utiliser un enfant pour faire naître l'émotion n'est jamais à l'honneur d'un cinéaste et le film accumule tous les poncifs du suspense, Everett résoud l'enquête en quelques heures grâce à une sagacité qui n'appartient qu'au héros de cinéma, une succession de circonstances malheureuses l'empêchent de prouver l'innocence de Beechum jusqu'à un retournement de situation de dernière minute. Pendant tout ce temps, Everett est censé être sous la pression du temps or le film avance à la vitesse d'une tortue. A aucun moment, on ne sent que Clint Eastwood s'est réellement approprié l'histoire, il s'est contenté de coller son personnage de cow-boy vieillissant sur un scénario sans grand intérêt. Cette paresse condamne Eastwood à signer un film sans ambition et sans grande envergure.
Florence Guernalec
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