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c r i t i q u e s |
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"L'Arrière
pays " |
Cru et archi cru.
Pour sa première réalisation, Jacques Nolot n'a pas cherché à séduire le spectateur, en fait, le cinéaste a signé un film si réaliste, si cru qu'il en devient parfois dérangeant. Le réalisateur montre ce qui reste habituellement hors-champ, ce qu'on ne filme jamais, par pudeur, par peur de choquer comme cette séquence de la toilette du mort où le cinéaste montre le corps nu d'une vieille femme. Les personnages de Jacques Nolot sont aussi bruts que sa mise en scène : ils ont un franc-parler, sont peu aimables. Si les médisances sont le premier passe-temps des comères de Jacques Nolot et si dans ces familles, les questions d'argent passent avant les sentiments, les personnages ne sont même pas antipathiques mais terriblement familiers. "L'Arrière pays" fait partie de ces récits autobiographiques qui parlent à tous : qui ne connaît pas ces places de villages où rien ne se passe jamais, ces maisons et ces magasins à la décoration et au confort d'avant-guerre, ces hommes âgés qui appellent leur femme "maman", les repas en famille autour d'une soupe... Habituellement, les auteurs-réalisateurs se cachent derrière un personnage. Ici le cinéaste se raconte à la première personne. Dans le film comme dans la vie, "Jacquinou" est acteur de second rôle. "L'Arrière pays" raconte son retour dans son village après des années d'absence. Jacques est l'intrus, le parisien qu'on reconnaît à son allure, ses vêtements, ses cheveux gominés et sa grosse décapotable. Son personnage traverse le film plus qu'il n'y participe, Jacques Nolot ne porte aucun jugement sur sa famille, "Jacquinou" restera en dehors des querelles de clocher. Il y a de la tristesse dans ce film car plus rien ne rattache le "héros" à son lieu de naissance, il n'a plus rien à dire à ses amis d'enfance et à sa famille. Les gens de son village natal ne lui demandent rien non plus, excepté des autographes. Son nom griffoné sur un bout de papier, c'est tout ce qui restera de son bref passage.
Florence Guernalec
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