thé,
crackers et cinéma
c r i t i q u e s |
|
|||
"La Vie rêvée
des anges" |
Socialement corrrect.
Même s'il se défend d'être un "cinéaste social", Erick Zonca pose incontestablement un regard moral sur le monde du travail : cette première partie du film, la plus intéressante, montre des ouvrières, les yeux rivés sur des machines à coudre au bruit assourdissant ; de futurs serveuses obligées de s'exhiber sur une scène et de mimer leur vedette préférée pour espérer se faire embaucher ; des jeunes filles déguisées en pom-pom girl, qui doivent déambuler dans les rues en patins à roulettes, avec un panneau publicitaire sur leurs épaules comme des "hommes sandwich". Bien que traitées sur un mode comique, l'âpreté et la cruauté des situations font rire jaune : il est question d'humiliation dans "La Vie rêvée des anges". C'est ce qui révolte Marie, qui refuse ces petits boulots et reproche à Isa d'accepter trop vite n'importe quel travail "dégradant". Dans un deuxième temps, Erick Zonca évacue le monde du travail pour investir le champ privé, affectif des héroïnes : Marie s'est éloignée d'Isa, elle entretient une relation tumultueuse avec un garçon qui ne l'aime pas tandis qu'Isa rend régulièrement visite à une inconnue dans le coma. Il n'y a pas de place pour l'amitié et l'amour dans "La Vie rêvée des anges", les personnages ne vivent que des relations à sens unique. Erick Zonca semble dire que la dureté du monde du travail a rendu les gens méfiants, agressifs et cyniques. "La Vie rêvée des anges" plaira d'abord à tout ceux pour qui le cinéma se doit de montrer la réalité sociale, puisque ce film s'apparente plus à une prise de position politique qu'à un regard tendre sur deux jeunes femmes à la recherche du paradis.
Florence Guernalec
|
||