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"L'Ecole de la chair"
de Benoît Jacquot



synopsis

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La valse des sentiments.


Dans ce cinéma-là, l'amour ne ressemble pas à un bouquet de violettes. Des liaisons sentimentales compliquées à des jeux d'attraction-répulsion, les films d'auteur ne se lassent pas de raconter la face noire de la ronde amoureuse. Benoît Jacquot évite heureusement tous les excès du genre : rien de tragique ici ou de spectaculaire, "L'Ecole de la chair" ne tient pas du long chapelet sur les frustrations des amants. En adaptant le roman de Mishima, Jacques Fieschi a, semble-t-il, voulu rendre cette histoire universelle, permettre au spectateur de s'identifier facilement aux personnages. Benoît Jacquot a privilégié la justesse des situations aux figures de style.

Tout commence par des regards qui se croisent, une attirance physique. Dominique (Isabelle Huppert) et Quentin (Vincent Martinez) n'ont pourtant pas grand chose en commun : elle, bourgeoise, la quarantaine, travaille chez un couturier ; lui, mi-voyou, à peine sorti de l'adolescence, est barman, fait le gigolo et de la boxe en amateur

Dominique et Quentin sont comme tout le monde, ils croient aux miracles : les deux amants tentent de plier la réalité à leurs désirs alors qu'ils savent pertinemment qu'ils ont tort de s'obstiner. Leur relation ne connaît pas l'égalité et la réciprocité. Tout le sel de cette histoire tient dans cette quête sans fin : les deux amants tentent de se rejoindre, de fusionner, ils échouent puis essaient encore et encore...

La passion fait perdre la tête. Benoît Jacquot filme avec beaucoup d'élégance et de pudeur, les faiblesses de l'âme humaine, il y a de la compassion chez le réalisateur : si Dominique est possessive, c'est parce qu'elle est amoureuse comme une amante et comme une mère, elle panique à l'idée de ne plus voir Quentin. Quand celui-ci lui échappe, elle est prête à tout pour qu'il lui revienne. Si Dominique fait une enquête sur son compte, c'est parce qu'elle s'intéresse à lui, cherche à mieux le connaître.

Dans "L'Ecole de la chair", il est plus simple de faire circuler l'argent que de naviguer sur les courants de l'amour : Dominique paie Quentin après avoir couché avec lui, elle règle ses dettes, lui verse "un salaire" chaque mois, lui-même se fait payer pour aller avec des hommes ou des femmes, il est prêt à se marier avec une jeune fille riche. Benoît Jacquot n'en tire pas de conclusions sur les moeurs de notre société, le réalisateur s'en tient aux faits, il signe une Šuvre volontairement plus modeste et plus accessible que ses précédants films.

Isabelle Huppert fait une très bonne composition, avec Vincent Martinez, elle réussit à rendre crédible tous les chapitres de cette histoire d'amour impossible.

 

Florence Guernalec

 

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