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"Le Général" |
Un jeu de cache-cache passionnant. John Boorman a laissé parler la personnalité fantasque de Cahill. Le cinéaste britannique a abordé la réalisation du "Général" avec la même liberté et le même esprit malicieux que son personnage joue sa vie. Sous l'oeil du réalisateur, l'histoire vraie du gangster ressemble à une joyeuse comédie. Surnommé "Le Général" par sa bande, Martin Cahill s'amuse à ridiculiser les forces de l'ordre : après un vol, le gangster a pour habitude de se rendre directement au poste de police pour faire acte de présence et avoir un alibi. Il se moque du monde. Cahill est insolent et rusé. Le personnage fascine l'inspecteur de police (Jon Voight) chargé de le surveiller, il séduit plus qu'il n'agace par son mépris de l'ordre ou ne choque par sa violence. En vérité, Martin Cahill amuse : rondouillard, le visage caché dans ses mains et un air de bon père de famille, le gangster trouve toujours la bonne réplique et fait même l'innocent à l'occasion. Le bandit a du brio, du panache : il tente ainsi de sauver le quartier de son enfance en squattant les lieux. Cahill est un homme fier : lorsque la police tue ses pigeons par vengeance, il refuse de se montrer blessé devant ses ennemis et met au contraire un point d'honneur à sourire, à défier encore et toujours le monde. Une idée : une scène. Boorman a fait simple et efficace, le cinéaste capte l'essentiel de son personnage : le réalisateur évoque ainsi l'adolescence du gangster, en quelques séquences très courtes. John Boorman a choisi de tourner son film en noir et blanc afin de donner une dimension mythique au personnage de Cahill. Il commence d'ailleurs son film par la mort du héros en 1994, le bandit irlandais est assassiné à Dublin par des hommes de l'IRA. Dépassant la biographie officielle, John Boorman a trouvé la liberté de ton nécessaire et indispensable pour croquer le personnage.
Florence Guernalec
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