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"Les grandes bouches"
de Bernie Bonvoisin




synopsis

fiche technique

site officiel

Un sketch qui tombe à plat.


C'est l'histoire d'une bande de zigotos ringards qui se voient comme des princes. Le spectateur suit les péripéties de petits caïds qui se la jouent. En un mot, les personnages imaginés par Bernie Bonvoisin font leur cinéma. "Les Grandes bouches" vise le second degré. Dans cette comédie, les différents protagonistes raisonnent comme des casseroles, vivent des histoires abracadabrantes et se retrouvent dans des situations embarrassantes. Pour accentuer cette ambiance surréaliste, le cinéaste joue sur les effets sonores : Bernie Bonvoisin imprime une ambiance western, à une (fausse) scène de duel au revolver, un bruit de respiration transforme les sous-sols de Paris en un organisme vivant.

Lamar (Gérard Darmon) costume sombre et fine moustache, Zed (Thierry Frémont) cheveux gominés et cravate voyante, et Esther (Nadia Farès) l'élégante, forment une bande de petits truands. Leur spécialité : le vol chez les particuliers. Les ennuis commencent le jour où ils décident de passer dans la cour des grands. Ils vont rencontrer toute une galerie de tordus, des "comiques" dans leur partie : Fichier (Elie Semoun) qui se prend pour un agent secret, le Docteur Chouck (Daniel Benoin) spécialiste du touché rectal, le producteur Gerbal (Patrick Bouchitey) nabab du showbizz, Armand (Victor Lanoux) le parrain habillé comme dans Borsalino.

Le style des "Grandes bouches" est indéfinissable, l'auteur-réalisateur se situe entre une sorte de néo-réalisme titi parisien et le plus pur kitsch, les dialogues sont travaillés dans la tradition d'un Michel Audiard. Le cinéaste a fait le pari difficle d'imposer un ton totalement délirant de bout en bout du film, et l'a perdu. Tout fait bricolé et s'apparente à un sketch, très long et pas drôle. Même si "c'est pour de rire" comme disent les enfants, Bernie Bonvoisin n'a pas réussi à rendre crédible ses personnages : les acteurs principaux apparaissent à l'écran comme des marionnettes déguisées en truands. Les comédiens avaient la dure tâche de jouer des personnages qui jouent eux-mêmes un rôle, d'incarner des râtés sans envergure qui aimeraient être des princes de la rue. Au lieu de jouer au premier degré des abrutis avec des rêves de grandeur, les acteurs gardent leurs distances. L'exercice de haute voltige tourne court.

L'ancien leader du groupe Trust tente de sauver les meubles en ajoutant des morceaux de hard rock, il tente d'imprégner un rythme endiablé au film mais cette musique bruyante tombe comme un cheveu sur la soupe, la scène finale de la fusillade filmée comme une fête d'anniversaire trop arrosée, ne parvient pas à être un brin amusante.

"Les grandes bouches" n'a rien d'une joyeuse déconnade.

 

Florence Guernalec

 

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