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"Les puissants" |
Méthode coué. Tout petit, le dos courbé et les jambes raides, Kevin (Kieran Culkin) marche avec deux cannes : ce fort en thème est atteint d'une maladie incurable mais il a toujours le sourire, il s'enthousiasme pour un rien. Max (Elden Hanson) au contraire, est grand et traîne un air triste et renfrogné, il souffre d'un embonpoint et ses résultats scolaires sont médiocres. L'un à la tête, l'autre les épaules et les jambes. Les deux adolescents vont unir leurs forces et tailler la route. La suite de l'histoire est prévisible, Kevin va avoir une influence positive sur Max : le garçon complexé et perturbé par son histoire familiale, va trouver la force morale pour affronter ses démons. Peter Chelsom accorde une large place à l'imagination et aux jeux de rôle attachés à l'enfance. Kevin tire son énergie et son inspiration de la légende du roi Arthur, il entraîne Max dans cet univers : Kevin se prend pour Merlin l'enchanteur et fait de son nouvel ami, un chevalier. Comme dans le livre, il se donne pour mission d'aider les faibles. Pour lui, chaque personne qu'il rencontre est toute droit sortie de cette légende. Le film de Peter Chelsom tient la distance et se regarde sans déplaisir car les deux personnages principaux, Kevin et Max composent un tandem original. Cependant, le cinéaste ne parvient jamais à dépasser les clichés sur l'amitié et sur la différence : dans le film, les deux adolescents mettent leurs qualités au service de l'autre, sont prêts à mourir pour leur ami, tout trait distinctif est perçu comme positif, représente un formidable moyen de se démarquer du groupe et de s'affirmer en tant qu'individu. Si la séquence du match de basket symbolise le mieux le mesage d'espoir du film, c'est aussi la plus mauvaise : Kevin perché sur les épaules de Max réussit à jouer aussi bien que les autres et grâce à leur jeu pas très orthodoxe, les deux garçons deviennent les vedettes de leur classe alors qu'ils étaient auparavant des parias. Ce n'est pas avec des scènes aussi lénifiantes que "Les Puissants" pourra marquer durablement les esprits et montrer la voie, au contraire. Après avoir sorti son mouchoir, le spectateur peut rentrer tranquillement chez lui.
Florence Guernalec
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