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c r i t i q u e s |
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"L'Eternité
et un jour" |
Le film d'un poseur. Avec le recul, Alexandre a des regrets pleins la bouche mais les poses romantiques de l'écrivain sonnent faux : il dit avoir vécu comme "un exilé, un individu étranger à sa langue et à son pays". Aujourd'hui encore, Alexandre, tout entier dévoué à son oeuvre, est déconnecté du monde extérieur. Il ne vit que pour lui, n'entretient pas de relation avec ses contemporains. L'écrivain de Salonique va être ramené à la réalité par sa rencontre avec un vrai exilé : Alexandre l'égoïste se retrouve obligé d'écouter le petit clandestin albanais et de lui répondre. Le cinéaste grec, le coeur en hiver, ne filme pas des personnages mais des réflexions qui se veulent profondes et intelligentes, mais au fond Théo Angelopoulos ne nous apprend rien sur nous. Le cinéaste cache ses sentiments derrière les mots : les acteurs disent leur texte sur un ton monocorde qui ne nous concerne pas. Le cinéaste cultive tout au long du film, un style emprunté, précieux, théâtral. En fait, tout sonne faux dans L'éternité et un jour, même les scènes les plus simples finissent par faire fabriqué : la balade en bus, par exemple, se veut un moment suspendu, un instant de grâce, voire d'émotion avant la séparation entre Alexandre et l'enfant mais cette séquence est polluée par des effets de style gratuits comme l'entrée en scène d'un poète récitant quelques vers. Théo Angelopoulos prend son temps et celui du spectateur. Le cinéaste grec use et abuse des plans-séquences, soigne ses images et met en valeur des décors dont la plate beauté dévoile au grand jour, la futilité de l'entreprise. Théo Angelopoulos signe un film froid et prétentieux qui ne prend aucun risque, aucun engagement, et n'est traversé par aucune émotion ou passion.
Florence Guernalec
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