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"Louise (Take 2)"
de Siegfried




synopsis

fiche technique

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Agaçant.


Rebelles sans cause. Les personnages de "Louise (Take 2)" vivent en marge de la société. Sans raison apparente. Ils n'ont pas d'histoire à raconter, pas de passé. Il vivent dans l'instant présent, fuient pour échapper aux autres et à eux-mêmes. Leurs mauvais coups s'apparentent un passe-temps comme un autre. Leurs actes ne sont régis par aucune nécessité si ce n'est celle de défier le monde. "Louise (Take 2)" détonne mais pas plus que ça.

Le premier long-métrage du musicien Siegfried s'apparente à un fourre-tout : à la fois histoire d'amour, errance dans Paris et son métro, portrait de marginaux, regard sur la jeunesse, ode à la liberté... Dans cette auberge espagnole, le réalisateur verse dans le pittoresque. On rit de Yaya (Gérald Thomassin), le chef de bande violent habillé Lacoste de la tête au pied qui tente d'écrire une lettre d'amour, on rit des beaux mensonges de ses potes Selem et Bestopaz pour séduire des filles. On est agacé par la répartie de Gaby (Antoine du Merle, un vrai cabot), gamin de dix ans insupportable qui parle comme les grands et qui sait tout, on est agacé par le père de Louise, sorte de poète improbable perdu dans sa prose et par un SDF qui semble échappé du théâtre subventionné. On attend qu'il se passe quelque chose entre Louise (Elodie Bouchez), la petite amie de Yaya, et Rémi (Roschdy Zem), le clochard séducteur mais les deux personnages ont du mal à exister au milieu de ce décorum. Et finalement on pressent assez vite que le film ne va nulle part...

En choisissant de filmer caméra à l'épaule avec une équipe réduite, Siegfried s'est donné les moyens de suivre en tout liberté, l'errance de la bande, de coller au plus près des corps et de laisser courir son inspiration. Entre deux effets de style sans intérêt, "Louise (Take 2)" se veut un reportage pris sur le vif. Les événements semblent le fruit du hasard. Loin d'enregistrer le réel et de capter des moments de vérité, Siegfried attrape au vol des bouts du folklore local comme un touriste : ses clochards qui zonent dans le métro, n'ont pas d'identité, ils font juste partie du mobilier urbain. 

Que l'histoire de cette bande qui recueille un jeune garçon soit totalement improbable, n'est pas gênant, en revanche, que Siegfried traite ses personnages de manière aussi désinvolte, montre que rien ne l'intéresse vraiment dans ce monde. Le cinéaste ne peut rien justifier ou revendiquer. Tout manque trop d'authenticité et de sincérité dans ce film, tout est froid et désincarné comme sa musique électronique. Rien n'a d'importance dans son cinéma.

 

Florence Guernalec

 

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