thé, crackers et cinéma
c r i t i q u e s
 



"Lulu on the Bridge"
de Paul Auster



synopsis

fiche technique

site officiel

Dex films pour le prix d'un.


Un accident. Un peu de magie. Et Izzy (Harvey Keitel) est méconnaissable. Le jazzman bourru et acariâtre devient doux comme un agneau. Alors qu'il est contraint d'arrêter la musique, Izzy retrouve goût à la vie dans les bras de Celia, une apprentie actrice au visage de femme enfant (Mira Sorvino). Dans "Lulu on the Bridge", Paul Auster met en scène un amour fou. Izzy et Celia se comportent comme deux adolescents : ils travaillent ensemble pour ne pas se quitter des yeux, et s'offrent des moments volés pour pouvoir s'embrasser tendrement. Il y a de la naïveté et de la fraîcheur dans l'air.

Le premier film de l'écrivain américain Paul Auster est agréable à regarder : le cinéaste laisse respirer le spectateur, ne recherche pas l'efficacité à tout prix. Dans "Lulu on the Bridge", chaque plan dure assez longtemps pour permettre au public de regarder les personnages vivre, d'apprécier les décors. Paul Auster signe un film stylisé : une salle de réanimation d'un hôpital, une rue de New-York la nuit ou un entrepôt désaffecté, sont autant de lieux sortis de l'imagination de l'écrivain. La bande-son est également très travaillée : le murmure des conversations à l'ouverture d'une boîte mystérieuse, fait partie des bonnes idées du film. L'histoire de Paul Auster fait surgir des moments de poésie : une pierre aux pouvoirs étranges fait éprouver des sensations incroyables à ceux qui la touchent, ils se disent "connectés avec tout ce qui les entoure". Cette pierre semble détenir le secret de la vie.

Et puis, "Lulu on the Bridge" se termine par une pirouette. La belle histoire d'amour n'était qu'un trompe-l'oeil, le spectateur est obligé de repenser le film sous un autre angle, de revoir dans sa tête les différentes péripéties de l'histoire et notamment la partie la plus mystérieuse qui met en scène le personnage de Van Horn (Willem Dafoe) : l'homme connaît tout du passé d'Izzy. Il improvise un tribunal où le jazzman semble promis à l'enfer plutôt qu'au paradis. Et le spectateur avec : passé le premier degré de la charmante bluette, le public entre de plein-pied dans le labyrinthe de la pensée de Paul Auster. Le spectateur reste cependant libre de se prêter au jeu des références et des correspondances, d'interpréter les noms des personnages, les lieux et les objets comme il l'entend. Mais s'il entre dans ce marché de dupes, il doit faire une croix sur l'émotion primitive et immédiate de sa première vision.

 

Florence Guernalec

 

thé,
crackers
et cinéma

 

home - critiques - notes - archives - l'auteur - contact
Droits de reproduction et de diffusion réservés © thé, crackers et cinéma