Un divertissement paresseux.

Des héros un peu simplets, des méchants grotesques, un animal qui fait le clown, de l'aventure et de l'exotisme bon marché, des situations convenues et pas vraiment drôles et une musique criarde censée emballer le tout : "Mookie" ne souffre pas d'un excès d'ambition. Il entre dans la catégorie des "films du dimanche après-midi", un genre en soi destiné aux petites têtes blondes accompagnées de leurs parents.

Frère Benoit (Jacques Villeret), rondouillard et l'air bonhomme, invoque la providence à tout bout de champ et exprime sa désapprobation par des "taratata". Il vit au Mexique avec sa "petite fille" Mookie, un singe qu'il a trouvé et élevé. Mais voilà que des scientifiques s'intéressent à l'animal parce qu'il possède le don de la parole. Frère Benoît fuit alors avec Mookie. La providence met sur son chemin Capella (Eric Cantona), un boxeur fier et solitaire, un rebelle qui a le verbe haut et s'habille comme un marlou. Frère Benoit et Capella, c'est le mariage de l'eau et du feu.

Cette comédie d'aventure repose sur le duo Eric Cantona - Jacques Villeret. L'ex-footballeur à l'accent du sud, a la fraîcheur du débutant : n'ayant encore aucun tic d'acteur, il affronte la caméra avec beaucoup de naturel et fait preuve d'un relâchement inhabituel entre deux répliques. Quant à Villeret, il réussit à faire vivre cette histoire sans intérêt, rehaussant par sa seule présence des situations faibles.

Le scénario s'appuie néanmoins sur une bonne idée, les rapports entre Frère Benoit et Capella s'apparentent aux relations entre un adulte et un enfant : le prêtre n'a de cesse de critiquer la conduite du boxeur, de lui reprocher sa violence, de lui faire la morale, de le reprendre lorsqu'il dit des gros mots. Mais dans ce film, le jeune spectateur tient sa revanche : Capella remet le rabat-joie à sa place.

A la fin du film, les rôles s'inversent, le rebelle se comporte comme un adulte : il s'inquiète pour Mookie et s'occupe de Frère Benoit. Dans un ultime pied-de-nez au monde des grands, le prêtre se retrouve dans un landeau poussé par Capella.

Chacun retrouvera dans "Mookie", l'enfant qu'il a été : le singe accumule les bêtises et répète toutes les injures qu'il entend. Le film de Hervé Palud ne vous montrera rien que vous n'ayez déjà fait.

Florence Guernalec