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"Mulan" |
Pour les enfants.
Pour autant, les aventures de Mulan n'ont rien du supplice chinois, les studios Disney ont conçu un spectacle sobre et digne : le niveau de guimauve est bien moins élévé que dans les précédants dessins animés, les atermoiements de l'héroïne sur son sort, sont par exemple, écourtés. Même si le studio américain ne renonce pas à la "musique d'ascenseur", les passages chantés et dansés façon comédie musicale américaine, n'atteignent jamais le degré de mièvrerie qui vous taperait sur les nerfs. Même la réalisation est de meilleure facture que la précédante production, Hercule : fini le défilement vertigineux des plans qui vous soûle, "Mulan" est un film qui se déroule à vitesse normale. Le cadre est presque dépouillé à l'image de la très bonne scène des Huns dévalant à cheval, une colline enneigée. Les dessins des productions Disney sont toujours aussi aseptisés, les personnages manquent toujours de relief et de caractère : les Huns ont des carrures de brute épaisse, un visage sombre et des yeux jaunes perçants alors que les chinois ont un visage clair, lumineux. Heureusement, les animaux sont toujours aussi exubérants et drôles, ils semblent montés sur des piles électriques : les deux compagnons de Mulan un cricket porte-bonheur et surtout un dragon minuscule, mi-mère poule, mi-manager de la jeune femme, font le spectacle. Le film de Barry Cook et Tony Bancroft devrait particulièrement plaire à la gent féminine car Mulan est une héroïne moderne, une jeune femme forte et ingénieuse qui va vaincre le machisme. Visiblement pas faite pour le mariage, son examen de passage pour devenir concubine tourne court, la jeune femme devient une guerrière : elle prend la place de son père dans l'armée impériale et va sauver, à elle seule, la Chine de l'invasion des Huns. Le capitaine chargé de mener les troupes est un jeune homme fade, sans grand génie mais avec des biceps d'acier, qui a bien du souci à se faire s'il veut conquérir le c¦ur de la belle. Mulan bouscule les règles sociales et les bonnes moeurs : pour entrer dans l'armée, le jeune femme doit se travestir en homme et apprendre à se comporter comme tel. Plus tard, le croisement de genre est inversé : ses virils camarades se déguisent en concubines pour tromper l'ennemi. Au mot fin, le spectateur adulte n'a pas l'impression d'avoir subi un lavage de cerveau et sort de la salle, forcément content de s'en être tiré à si bon compte.
Florence Guernalec
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