thé, crackers et cinéma
c r i t i q u e s
 



"My Name is Joe"
de Ken Loach



synopsis

fiche technique

site officiel

L'amour d'abord.


Ken Loach devient fleur bleue. Dans "My Name is Joe", la situation sociale de son héros l'intéresse moins que sa situation sentimentale. Si le réalisateur anglais filme toujours une classe ouvrière britannique prise dans la spirale du chômage et des petits boulots plus ou moins nets, le cinéaste raconte avant tout l'histoire d'un homme prêt à tout pour réussir sa relation amoureuse.

Joe (Peter Mullan), abonné au chômage et aux alcooliques anonymes, rencontre Sarah, une assistante sociale (Louise Goodall). Ils ont la quarantaine et de l'amour à revendre. Au début, elle trouve qu'il a un air un peu "voyou", lui n'ose pas faire le premier pas. Il lui confie son passé d'alcoolique, elle laisse entendre qu'elle n'est pas aussi bien qu'il le pense. Elle a peur de s'engager, lui de la perdre mais ils ont envie que leur relation réussisse. Alors, Joe et Sarah s'accrochent l'un à l'autre... Même si l'on a déjà vu des centaines de fois au cinéma, la naissance d'une relation amoureuse, Ken Loach sait rendre cette histoire touchante simplement parce que ses personnages sont attachants, les comédiens Peter Mullan et Louise Goodall, comme tout bon interprète "loachien", ont des accents de vérité qui ne trompent pas.

Dans "My Name is Joe", reconstruire sa vie passe donc par la fondation d'une famille et non par l'obtention d'un travail ou d'un meilleur revenu. Même si l'amour entre de plein pied dans son cinéma, Ken Loach fait toujours un cinéma réaliste, il reste le témoin de la vie quotidienne de la "working class" filmant toujours au plus près des gens, ici la famille de Liam prise dans un trafic de drogue et des dettes. En même temps, Ken Loach désamorce toujours la noirceur de son message par l'humour et il n'a jamais rechigné à utiliser les ficelles du cinéma populaire, à se servir d'éléments dramatiques pour appuyer sa démonstration : dans ce dernier film, Joe est face à un dilemme impossible qui le condamne à perdre son ami ou sa fiancée et peut-être même les deux.

Pour la première fois chez Ken Loach, la classe ouvrière a deux visages, l'un positif incarné par Joe, l'autre négatif : Liam est incapable de prendre son destin en main. Joe lui offre la possibilité d'échapper momentanément à son enfer, mais ce dernier est incapable de profiter de cette aide. Alors que Ken Loach a toujours pris sa caméra pour montrer que seule la solidarité entre les gens permet de survivre, ici, même les amis ne peuvent pas grand chose pour vous. Dans "My Name is Joe", c'est d'abord en soi qu'il faut trouver les ressources pour s'en sortir.

 

Florence Guernalec

 

thé,
crackers
et cinéma

 

home - critiques - notes - archives - l'auteur - contact
Droits de reproduction et de diffusion réservés © thé, crackers et cinéma