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Ça y
est, j'ai vu "Le Hussard sur le toit". Je n'avais aucune envie
de voir ce film, le sujet me semblait à mille lieues de mes appétits,
en plus je déteste les cinéastes qui adaptent des livres, l'idée que le
cinéma puisse devoir quelque chose à la littérature, m'agace profondément.
Et pour couronner le tout, il m'a fallu subir un vacarme médiatique qui
m'a donné la nausée... Pour me mettre en condition, j'ai dû oublier le
"film de patrimoine" et acheter mon billet sans réfléchir. Malgré cette
course d'obstacles, j'y suis finalement arrivée...
Les premières images m'ont fait craindre le pire : un film en costumes
bien reconstitué et policé, mais heureusement, passé la scène d'exposition,
"Le Hussard sur le toit" trouve très vite sa vitesse de croisière
pour ne plus s'arrêter. Avec la fuite d'Angelo, les péripéties s'enchaînent
sans accroc, naturellement. Le film de Jean-Paul Rappeneau est d'abord
un formidable travail sur le rythme. Tout est là, et chaque élément a
sa place. Le cinéaste tient, je crois, sa méthode de travail de Claude
Sautet : sur un mur, le cinéaste aligne toutes les scènes qu'il a écrites
afin de bien visualiser son film, il peut en peaufiner son mouvement,
doser les effets, les ruptures de ton. Mais réaliser une œuvre nette et
sans bavures, ne suffit pas à faire un bon film. Claude Sautet dans "Un
cœur en hiver" signait lui aussi une œuvre sans déchets mais qui
manquait cruellement de passion, de folie.
Jean-Paul Rappeneau a réussi un pari très difficile : réaliser un film
énergique. Toute la lumière et le mouvement du film reviennent à Angelo
: le personnage du hussard est d'abord un héros physique. Maladroit dans
ses paroles, il brille par sa présence et traverse le film avec panache.
Rappeneau joue sur le contraste avec tous les cadavres qui jonchent les
rues, recouvrent les sols des maisons. Toutes ces images récurrentes finissent
par être oppressantes, elles mettent les héros en état de danger permanent.
Les scènes des vols de corbeaux resteront comme le symbole fort, criant
et sublime de la menace du choléra sur l'espèce humaine. "Le Hussard
sur le toit" est d'abord l'histoire d'une fuite devant la mort. Il
n'y a pas de bon film sans grand enjeu... Du coup, l'histoire d'amour
reste un peu au second plan, au niveau des non-dits et c'est tant mieux
: un peu de finesse ne fait pas de mal, ça repose...
Bon, je n'irais pas voir le film trois fois mais "Le Hussard sur
le toit" vaut la peine qu'on s'y arrête.
Florence
Guernalec
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et cinéma
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