thé, crackers et cinéma
a r c h i v e s
 



Numéro 30
11 Octobre 1995
 


Sommaire
"Le Hussard sur le toit"
de Jean-Paul Rappeneau


fiche technique et artistique



























Ça y est, j'ai vu "Le Hussard sur le toit". Je n'avais aucune envie de voir ce film, le sujet me semblait à mille lieues de mes appétits, en plus je déteste les cinéastes qui adaptent des livres, l'idée que le cinéma puisse devoir quelque chose à la littérature, m'agace profondément. Et pour couronner le tout, il m'a fallu subir un vacarme médiatique qui m'a donné la nausée... Pour me mettre en condition, j'ai dû oublier le "film de patrimoine" et acheter mon billet sans réfléchir. Malgré cette course d'obstacles, j'y suis finalement arrivée...

Les premières images m'ont fait craindre le pire : un film en costumes bien reconstitué et policé, mais heureusement, passé la scène d'exposition, "Le Hussard sur le toit" trouve très vite sa vitesse de croisière pour ne plus s'arrêter. Avec la fuite d'Angelo, les péripéties s'enchaînent sans accroc, naturellement. Le film de Jean-Paul Rappeneau est d'abord un formidable travail sur le rythme. Tout est là, et chaque élément a sa place. Le cinéaste tient, je crois, sa méthode de travail de Claude Sautet : sur un mur, le cinéaste aligne toutes les scènes qu'il a écrites afin de bien visualiser son film, il peut en peaufiner son mouvement, doser les effets, les ruptures de ton. Mais réaliser une œuvre nette et sans bavures, ne suffit pas à faire un bon film. Claude Sautet dans "Un cœur en hiver" signait lui aussi une œuvre sans déchets mais qui manquait cruellement de passion, de folie.

Jean-Paul Rappeneau a réussi un pari très difficile : réaliser un film énergique. Toute la lumière et le mouvement du film reviennent à Angelo : le personnage du hussard est d'abord un héros physique. Maladroit dans ses paroles, il brille par sa présence et traverse le film avec panache. Rappeneau joue sur le contraste avec tous les cadavres qui jonchent les rues, recouvrent les sols des maisons. Toutes ces images récurrentes finissent par être oppressantes, elles mettent les héros en état de danger permanent. Les scènes des vols de corbeaux resteront comme le symbole fort, criant et sublime de la menace du choléra sur l'espèce humaine. "Le Hussard sur le toit" est d'abord l'histoire d'une fuite devant la mort. Il n'y a pas de bon film sans grand enjeu... Du coup, l'histoire d'amour reste un peu au second plan, au niveau des non-dits et c'est tant mieux : un peu de finesse ne fait pas de mal, ça repose...

Bon, je n'irais pas voir le film trois fois mais "Le Hussard sur le toit" vaut la peine qu'on s'y arrête.

 

Florence Guernalec

 

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