thé, crackers et cinéma
a r c h i v e s
 



Numéro 36
22 Novembre 1995
On a marché sur la lune...


Sommaire
"Apollo 13"
de Ron Howard


fiche technique et artistique



























Le cinéma américain manque de poésie... Evidemment, "Apollo 13" ne fait pas exception à la règle. Ron Howard a réalisé un film très documenté sur la mission spatiale de 1970, on aurait rêvé d'un film d'aventure à la Jules Verne. Le cinéaste nous fait découvrir la NASA et éclipse la lune. Ron Howard a choisi le point de vue le moins palpitant. Résultat, ce film vit au rythme des accidents de parcours des trois astronautes. "Apollo 13" est un film catastrophe, rien de plus...

De même, Ron Howard ne cherche jamais à nous faire sentir pourquoi Jim Lovell rêve d'aller sur la lune, le cinéaste présume que nous aimerions être à sa place : pour lui, cela ne fait aucun doute, tout le monde est fasciné par la lune et veut la conquérir... Une erreur d'appréciation qui me paraît fatale. Il me semble que Ron Howard aurait dû faire de cette planète une grande dame intimidante : les astronautes lui auraient fait la cour, auraient cherché à tout prix à la séduire, ils lui auraient tourné autour sans savoir comment l'aborder, avec la peur de ruiner leurs chances de conquête... Hélas, dans "Apollo 13", la lune est aussi sexy qu'un camembert Président ! Cette lune ne ressemble pas à celle de Méliès. Elle n'est qu'une étendue accidentée de sable brun, une sorte de plage polluée interdite au public... Bref, marcher sur la lune relève du cauchemar.

Le cinéaste ne s'attarde pas non plus sur des vues de l'espace, cela ne présente semble-t-il aucun intérêt. Ron Howard préfère mille fois mieux filmer la salle des opérations et ses écrans de contrôle, l'intérieur d'Apollo ou encore la petite famille de l'astronaute : les sueurs froides des techniciens de la NASA ou les battements de cœur de madame Lovell sont apparemment plus importants que la découverte d'une planète. Ajoutez à cela que les rapports entre les trois astronautes ont autant d'intérêt que trois parieurs discutant d'une course de chevaux à Longchamp et vous aurez un mauvais film intimiste. Vendu comme un film d'aventure sur la conquête de l'espace, "Apollo 13" ne décolle jamais de sa base.

 

Florence Guernalec

 

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