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Le cinéma
américain manque de poésie... Evidemment, "Apollo 13" ne fait
pas exception à la règle. Ron Howard a réalisé un film très documenté
sur la mission spatiale de 1970, on aurait rêvé d'un film d'aventure à
la Jules Verne. Le cinéaste nous fait découvrir la NASA et éclipse la
lune. Ron Howard a choisi le point de vue le moins palpitant. Résultat,
ce film vit au rythme des accidents de parcours des trois astronautes.
"Apollo 13" est un film catastrophe, rien de plus...
De même, Ron Howard ne cherche jamais à nous faire sentir pourquoi Jim
Lovell rêve d'aller sur la lune, le cinéaste présume que nous aimerions
être à sa place : pour lui, cela ne fait aucun doute, tout le monde est
fasciné par la lune et veut la conquérir... Une erreur d'appréciation
qui me paraît fatale. Il me semble que Ron Howard aurait dû faire de cette
planète une grande dame intimidante : les astronautes lui auraient fait
la cour, auraient cherché à tout prix à la séduire, ils lui auraient tourné
autour sans savoir comment l'aborder, avec la peur de ruiner leurs chances
de conquête... Hélas, dans "Apollo 13", la lune est aussi sexy
qu'un camembert Président ! Cette lune ne ressemble pas à celle de Méliès.
Elle n'est qu'une étendue accidentée de sable brun, une sorte de plage
polluée interdite au public... Bref, marcher sur la lune relève du cauchemar.
Le cinéaste ne s'attarde pas non plus sur des vues de l'espace, cela ne
présente semble-t-il aucun intérêt. Ron Howard préfère mille fois mieux
filmer la salle des opérations et ses écrans de contrôle, l'intérieur
d'Apollo ou encore la petite famille de l'astronaute : les sueurs froides
des techniciens de la NASA ou les battements de cœur de madame Lovell
sont apparemment plus importants que la découverte d'une planète. Ajoutez
à cela que les rapports entre les trois astronautes ont autant d'intérêt
que trois parieurs discutant d'une course de chevaux à Longchamp et vous
aurez un mauvais film intimiste. Vendu comme un film d'aventure sur la
conquête de l'espace, "Apollo 13" ne décolle jamais de sa base.
Florence
Guernalec
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