Six contes moraux.

"Et si j'étais une reine... Et si j'étais une vieille dame... Et si on était en Egypte au temps des Pharaons..." "Princes et Princesses" commence comme un jeu de rôles. Un garçon, une fille et un technicien se réunissent dans un cinéma. Comme des enfants, ils se racontent des histoires, laissent courir leur imagination. Michel Ocelot a tiré un conte de chaque fiction.

Avec du papier et des ciseaux, de la pâte à modeler, des marionnettes articulées avec du fil de fer, le cinéaste fait des miracles. Son savant "bricolage" donne des images magnifiques : quelques arbres suffisent pour planter le décor, créer un lieu où les deux héros focalisent toute l'attention.

L'animation s'appuie sur le principe des ombres chinoises : la scène est éclairée en contre-jour de sorte que les personnages apparaissent sous forme de silhouettes. Le jeune public peut donc facilement s'identifier à ces deux héros sans nom et sans visage, qui se projetent en Egypte au temps des pyramides, au Moyen-âge, en l'an 3000...

Les histoires rivalisent de malice : dans tous ces contes, le faible triomphe du fort, le modeste séduit le puissant. Par un retournement inattendu, une pirouette, les rôles sont inversés, l'ordre établi est remis en cause. Ainsi le voleur se retrouve à la merci de la victime, la reine est conquise par le manant, Michel Ocelot sème la zizanie.

Moins accessible que la production courante de dessins animés, "Princes et Princesses" est un film à la fois simple et exigeant qui ravira tous les enfants qui ne se contentent pas du tout-venant.

Florence Guernalec