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"Ronin"
de John Frankenheimer



synopsis

fiche technique

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Vive les leurres.


Il ne faut pas se laisser abuser par le générique : derrière un mystérieux Richard Weisz se cache David Mamet. Le dramaturge et cinéaste américain est le véritable auteur du scénario ou du moins de son esprit. Et le film de John Frankenheimer doit beaucoup à cet amoureux des illusions, des artifices.

Dans "Ronin", un bande de mercenaires est payée pour voler une mystérieuse mallette. David Mamet ne dévoile jamais son contenu, au point que le spectateur peut finir par croire que le gros attaché-case est vide, est un appât destiné à faire sortir les loups du bois - un leurre sert à attirer l'ennemi. Chaque mercenaire utilise un camouflage : Deirdre, l'irlandaise (Natasha McElhone) en chef de bande, Sam l'américain (Robert De Niro) en titi parisien avec sa casquette, Gregor (Stellan Skarsgard) en informaticien tranquille, Spence (Sean Bean) en mercenaire rompu aux opérations armées, cachent leur véritable identité - un leurre sert à tromper l'adversaire, à se protéger. Seul Vincent le français (Jean Reno) ne triche pas.

Les repérages de Sam et Deirdre pour préparer le vol de la mallette, constituent les meilleures scènes du film. Les deux mercenaires se font passer pour un couple de touristes désireux de garder des photos souvenirs de leurs vacances sur la Riviera. Pour expliquer le fonctionnement de son appareil à un inconnu, Sam fait en apparence des photos râtées, en réalité il mitraille les hommes à la mallette - un leurre sert à détourner l'attention. Afin de tester les qualités de ces hommes de main, Sam met en scène une fausse attaque à la sortie de leur hôtel en provoquant la chute de valises - un leurre permet de révéler la réalité. Devant le danger potentiel d'une voiture de police approchant de leur planque, Sam embrasse Deirdre comme le ferait un jeune couple amoureux, en réalité, Sam profite de la situation - un leurre permet également de se faire plaisir... Un leurre sert à tout.

Dans cette course poursuite sans fin pour la possession de la mallette, le plaisir du film tient uniquement aux acteurs qu'ils soient anglais, américains, français... S'ils n'ont pas de morceaux de bravoure à jouer, s'ils n'offrent pas de composition spectaculaire, chacun apporte humblement une facette de sa personnalité, le tout composant un ensemble intrigant. Les rapports entre Jean Reno et Robert de Niro par exemple, sont très réussis : une demande d'information, un échange de cigarettes et un lien naturel se tisse immédiatement entre les deux hommes.

Pour pimenter son film, John Frankenheimer a tourné des séquences spectaculaires et éprouvantes pour les nerfs : les courses poursuites en voiture dans Paris et dans le vieux Nice participent au plaisir enfantin, dérisoire comme une virée dans le grand huit, de ce thriller américain tourné en France.

Des subtilités d'un Mamet à l'adresse d'un Frankenheimer, en passant par le style des comédiens, "Ronin" mérite les qualificatifs d'oeuvre singulière et curieuse.

 

Florence Guernalec

 

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