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c r i t i q u e s |
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"Un pont |
Retour en arrière. Comme dans les films des années 60, il n'y a aucun souci de réalisme social, ce qui compte avant tout à cette époque, c'est de faire rêver le spectateur : dans Un pont entre deux rives, Mina/Carole Bouquet n'a pas du tout l'allure et les toilettes d'une épouse d'ouvrier. Les scènes intimes avec son amant Matthias font apprêtées : les réalisateurs semblent avoir tourné ces séquences selon les codes de la censure en vigueur dans les années 60 ! On retrouve une même froideur dans les rapports entre la mère et son fils, ils ne montrent pas leurs sentiments comme on le voit aujourd'hui couramment au cinéma. Tommy ne juge pas sa mère, ni son père, nous ne sommes pas encore en 68. Nulle révolte ou passion n'éclate dans ce film. On a du mal à comprendre ce qui a intéressé le cinéaste Gérard Depardieu dans cette histoire et pourquoi il a choisi une forme aussi vieillote. En revanche, l'acteur est à son avantage dans ce film en demi-teinte car pour une fois, le comédien est sobre, il nous épargne son numéro de "grande gueule" qui a fait sa réputation. Depardieu est totalement émouvant lorsqu'il tente de retenir Mina par tous les moyens ou lorsqu'il confie son désarroi à la patronne du bar. Ses discussions avec ses collègues de travail ou ses copains ont un air authentique que n'a pas toujours le film car si les rapports entre Georges et sa femme sont assez réussis - Depardieu réalisateur joue plus sur les silences que sur les longues explications - en revanche, la relation entre Mina et Matthias est affreusement banale et sans intérêt : le couple passe son temps à s'embrasser, à faire l'amour, à se sourire bêtement et à faire des projets d'avenir. "Un pont entre deux rives" a un parfum de nostalgie, ce film devrait plaire à ceux qui regrettent le temps des robes très ajustées, des DS, du twist et des films sans bain de sang et sans gros mots.
Florence Guernalec
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