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"Voleur de vie"
de Yves Angelo



synopsis

fiche technique

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Froid et sombre.


Tout semble d'un autre âge : les gens, le décor, les situations. "Voleur de vie" ressemble à ces drames romantiques du XIXe siècle, à ces romans précieux peuplés de tragédies, de destins brisés. Deux s¦urs, Alda (Emmanuelle Béart), Olga (Sandrine Bonnaire) et sa jeune fille Sigga (Vahina Giocante) vivent dans la maison familiale, isolées du reste du monde avec pour tout "voisin" un cimetière et une mer hostile. Le film de Yves Angelo s'apparente à un huis-clos à l'atmosphère lourde, chargée de non-dit : le cinéaste tente de donner une épaisseur aux personnages en créant de toute pièce un mystère autour de l'histoire familiale, le réalisateur laisse penser que les deux femmes sont liées par un lourd secret familial, c'est sans doute ce fil tenu qui tient le film. En réalité, l'évocation d'un enfant mort, les photos des défunts, le sentiment de présence des parents décédés sont autant de fausses pistes... Le réalisateur se contente de filmer la froideur et la tristesse de Alda et Olga qui contrastent avec la gaieté de Sigga. Yves Angelo ne livrera rien de leur passé.

Le spectateur peut se laisser porter par ces personnages mais leur destin nous importe peu car il est difficile de s'attacher à deux femmes sans coeur. Dans "Voleur de vie", il n'y a pas de place pour la compassion. Le spectateur peut aussi faire de la psychologie à quatre sous et tenter de comprendre l'attitude des deux femmes : Alda ne semble vivre que par ses aventures avec des hommes mariés et Olga ne vit qu'à travers sa s¦ur qu'elle dit aimer plus encore que sa propre fille, et dont elle épie tous les gestes. Un lien très fort unit les deux s¦urs qui exclut la présence d'hommes, ceux-ci qui ne font que passer. Alda et Olga ont choisi leur solitude, elles sont les prisonnières volontaires de cette maison sans âge, peuplée des fantômes de leurs parents.

"Voleur de vie" laisse donc entrevoir un film profond, de grandes révélations sur la vie, l'amour, la mort, mais il n'y a rien de tout cela et c'est tant mieux. Yves Angelo a sans doute choisi d'adapter le roman de l'islandaise Steinunn Sigurdardottir uniquement parce qu'il y voyait deux beaux rôles pour des actrices mais à l'arrivée, seules Sandrine Bonnaire et Vahina Giocante sortent gagnantes. "Voleur de vie" se regarde sans déplaisir mais sans passion non plus.

 

Florence Guernalec

 

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